>>> WRITINGS >>> LA PETITE VIEILLE

 

>>> La petite vieille

La petite vieille courait, courait, ... enfin presque car l'ensemble de particules plus ou moins vivantes qu’était la bonne femme dérapait à chaque pas. Au passage, un passant passant sans se presser, pensait qu’il était pressant de prendre possession du pesant para-drache éclaboussant les autres passants qui, eux aussi, passaient sans se presser. D’autres, passant et repassant, saisissaient non sans un malicieux sourire les sacs ralentissant la course de la dite pressée. Ceux-ci, dans un sursaut de sensibilité, saisis et investis d’une sainte mission, pressentant l’issue, avaient délesté, pour l’alléger, la fière coursière qui, génée par les voitures, la bordure, la pelure, la verdure, ... et enfin elle tomba, s’étala, s’écroula, s’écrasa, s’affaissa, se tassa, s’affala, chut, enfin bref se mut jusqu’au sol, et le bus partit, la laissant gésir dans la rigole et l’hilarité générale.

— 1985

 
 

© 1985 Thibaud Latour