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>>> Ce que j’écris?
Ce que j’écris? Bah! ce n’est pas bien grave: juste un peu de pus qui me suinte de partout et que je tente d’expurger. J’ai sûrement dû le contracter petit et insignifiant comme une chiure de mouche. Mais, par des tribulations multiples et autres mécanismes anaérobiques et putréfiants, je l’ai sans doute cultivé, multiplié, mitosé, gavé de rance. Sans raison consciente, c’est plus déprimant. Mais évidement, il faut que bien que ce béribéri s’expatrie. Ce n’est pas qu’il se lasse, non. C’est sa surpopulation, son auto-prolifération anarchique qui l’impose. Alors, toute cette merde, je l’agite sur du papier avec un ustensile oblong et je l’envoie coloniser d’autres bonheurs, infecter les nantis de l’ivresse, pathogéner les troupeaux de plus stupides béats. J’empuante, je scatolise, j’épidémise, je pestifère, j’abreuve de tout ce caca les innocents lecteurs nécrophages. Notez que ce n’est pas si mal: j’ai vidé mon trop plein et je ne suis plus désormais le seul éclaboussé par dedans. En gros, la vache noire qui pissait bêtement toute seule maintenant pisse de rire en voyant les autres chialer, morfondues et mortifiées par rien en somme qu’une odeur qui part en frottant bien. Je suis alors pris d’un tel saisissement, d’une telle extase à m’en faire péter les tripes pour en déféquer davantage. On a presqu’envie d’être grossier.
Mais allez, c’est fini maintenant. Viens mon amour, viens, on va désinfecter. Viens.
— 4 novembre 1996
© 1996 Thibaud Latour